Quels sont les courants philosophiques qui ont initié et impulsé la Gestalt ? Voici un article qui va aller plus loin sur le sujet de la phénoménologie (retrouvez les sources à la fin de l’article).
Alors oui je sais … la phénoménologie n’est pas vraiment une philosophie mais elle est le résultat de l’observation de tout plein de philosophie … Je n’ai pas le niveau suffisant pour vous en faire un résumé de pourquoi la phénoménologie en découle, alors je passe directement par la case finale, vous m’en voudrez pas hein ?
La phénoménologie
La phénoménologie (science des phénomènes) s’intéresse au mode d’accès au monde :
- Observer et décrire :
- ce qui émerge
- ce qui se passe
- et comment cela se passe
La phénoménologie n’est qu’une méthode et ne dit rien sur le statut ontologique de l’homme, ni sur le sens de son existence.
Ontologie = partie de la philosophie qui traite de l’être indépendamment de ses déterminations particulières)
C’est l’observation de ce qui se manifeste dans la conscience d’un individu, dans un instant donné, sans y appliquer de définition ou de référence au passé.
D’un point de vue Gestalt thérapie, la posture est d’induire que le vécu émotionnel, corporel, et intellectuel, etc, de chacun est unique et ne saurait être réduit à une définition ou à un modèle préétabli.
La phénoménologie : la spécificité de la gestalt thérapie ?
Pour Patrick Colin, la spécificité de la Gestalt thérapie se fait au travers de la phénoménologie car d’un point de vue psychanalytique elle n’apporte rien de nouveau :
- Les mots employés sont différents mais ont quasiment la même signification
- la Gestalt est une théorie issue de psychanalyse, elle en est donc qu’une branche annexe
Tandis que d’un point de vue phénoménologique, il y a une différence :
Dans l’analyse dans ce que vit le patient : ” la Gestalt-thérapie est vraiment phénoménologique car elle aborde le problème à partir de l’expérience et des modes de donations et de constitution d’un monde pour un sujet “
Dans la relation entre le thérapeute et son patient =
” De ce point de vue aussi, l’engagement existentiel du thérapeute dans la relation n’est pas simplement un aménagement se voulant plus « efficace » du modèle psychanalytique mais se fonde bien sur le fait que l’espace thérapeutique est un lieu de co-construction d’une expérience altérante dans son sens étymologique, c’est-à-dire qui rend autre. “
Le but de la thérapie n’est pas de résoudre un passé mais de soutenir le processus d’ouverture, de rendre fluide les processus de contact-retrait qui sont à ce niveau en fait des processus de prise en forme et de dissolution du sujet lui-même, se déprendre pour peut-être moins se méprendre.
Pour Patrick Colin, les fondateurs de la Gestalt Thérapie (Perls et Goodman) n’ont fait qu’effleurer cette nouvelle approche et que seule la phénoménologie peut permettre de continuer l’exploration.
N’oublions pas :
” De nos jours la culture psychanalytique a pris la place des théories d’autrefois, souvent religieuses, d’explication du monde et de l’homme. (…) La psyché, n’est pas un objet comme une chaise ou un arbre, mais un objet non-existant c’est-à-dire un concept.” – Patrick Colin
Référence à une des contraintes existentielles : la quête de sens où le développement personnel et la psychanalyse sont devenus les nouvelles religions laïques.

Démarches et principes de la Gestalt thérapie issues de la phénoménologie
La Gestalt Thérapie s’intègre dans le mouvement psychologique humaniste. Elle puise dans 3 démarches différentes :
- Phénoménologique
- Existentielle
- Humaniste
Quelques principes de base à la Gestalt thérapie issus de la phénoménologie :
- Conscience et expérience : le seul accès à la réalité du monde est la conscience que nous en avons ici et maintenant. Cette conscience est inséparable de l’expérience qui elle, varie continuellement
- Indissociabilité moi / monde : la réalité du monde n’existe pas en elle même, elle résulte d’une construction personnelle et subjective. Sujet et monde (…) sont indissociables.
Ces deux postulats ont des conséquences sur la posture thérapeutique :
- L’accent est mis sur le présent de “ce qui apparait” d’instant en instant
- La prise en compte de “ce qui apparait” ne nécessite pas d’explication causale. Les faits sont là. Le pourquoi est vain, seul le comment est fructueux
- La mise entre parenthèses de présupposés et des attentes est nécessaire pour accueillir pleinement “ce qui apparait”
- Le sens de “ce qui apparait”, ne pré existe pas à l’expérience, ce n’est pas un sens caché à découvrir, mais un sens qui se construit, se co-construit dans la situation thérapeutique

Identifier une émotion permet de libérer le besoin le caché derrière
crédit
Le Gestalt thérapeute s’appuie donc sur cet ancrage ” phénoménologique ” : il met l’accent sur l’expérience qui se déroule dans l’ici et maintenant de la séance, qui inclut le regard sur le passé et l’avenir. Le Gestalt thérapeute va observer le processus, à sa fluidité et à ses interruptions, plus qu’au contenu.
Tandis que le patient va partager une histoire du passé, le thérapeute gestaltise va peu poser de questions sur ce passé, mais va plutôt chercher à mettre en figure ce qui se passe à l’occasion de ce récit. Le thérapeute va en effet, garder en tête que l’exploration en cours surgit dans l’ici et maintenant, son travail est de mettre à jour ce mouvement que traverse le patient, car il révèle l’intentionnalité de son être tendu vers le monde.
On parle alors de frontière contact (= lieu d’échange virtuel où se négocie le contact entre un organisme (les différentes parties de soi à et son environnement).
Frontière contact
Petite expliquation :
Si je marche pieds nus sur l’herbe, cette expérience se manifestera à la frontière-contact entre mon pied et l’herbe, au niveau de ma peau. Si je suis coupée de mes sensations, il ne s’y passera aucun échange. Si je suis présent à mon plaisir et à mon corps, je vais peut-être accentuer ou prolonger ce moment. Si je déteste la sensation du froid sous mes pieds, je vais immédiatement me rechausser ! Je m’ajuste à mon environnement selon un mouvement d’attraction, de répulsion, d’évitement, d’intégration…
Les auteurs de Gestalt thérapie écrivaient : « Tout contact est un ajustement créateur de l’organisme et de l’environnement ».
C’est à la frontière-contact que le thérapeute observe le déroulement de l’échange et de ses éventuelles perturbations. Ce repérage s’effectue en évaluant l’ajustement du client avec son fonctionnement interne, avec son environnement et avec le thérapeute.

Sources pour cet article :
D’après mon premier support de cours et de quelques infos tirées d’un autre livre : “Comprendre et pratiquer la Gestalt-thérapie” de Chantal Masquelier-Savatier
Un petit bout du blog de Jean-François Gerault
Extraits de Revue Gestalt (via Cairn.info) :
Vers une Gestalt-thérapie phénoménologique de Patrick Colin
Un pont entre la Gestalt-thérapie et la Psychanalyse jungienne de Pierre Coret
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